dimanche 9 août 2015

Vous me manquez

Vous souvient-il notre amour fou
Notre passion anthropophage
Quand nous nous aimions sans tabou
Livrant nos corps à l'abordage

Vos seins gonflés aux tétons raides
Entre lesquels je me lâchais
Me laissent orphelin et m'obsèdent
Divine gorge que je léchais

Quand je pense à votre nombril
Que ma langue taquinait mutine
Je vous revoie émue, fébrile
Sensuelle, belle et libertine

Votre con me manque et je rêve 
À son nectar musqué et suave
Au velours soyeux de sa fève
Qui faisait de moi votre esclave

Votre cul sublime me hante
Et je regrette vos fossettes
Vous fûtes une fougueuse amante
Pendant nos parties de levrette

Nos arabesques délicieuses
Et nos géométries osées
Firent de nos joutes crapuleuses
Des chefs-d'œuvre de l'art abstrait

Chaque seconde je pense à vous
Et à notre fusion charnelle
Courons encore le guilledou
Réinventons la bagatelle 

Revivons notre amour délire
Et notre passion dévorante
Nous nous aimerons à mourir
Complices d'une fièvre brûlante

samedi 8 août 2015

Suicide Blues

C'est ce soir que je dois mourir
J'ai décidé de m'en aller
Sans un adieu, sans un soupir
Sans hésiter et sans regret

Je suis parti beaucoup trop loin
En cherchant un sens à ma peine
Je me suis perdu en chemin
Dans la douleur qui était mienne

Je n'ai pas su trouver l'élan
Nécessaire à ma délivrance
Ni réconfort, ni stimulant
Pour atténuer ma souffrance

Tous mes amours, tous mes amis
Tous ceux qui ont croisé ma route
Diront que je les ai trahis
Et ils auront raison sans doute

Mais la tumeur était profonde
Aucun espoir de rémission
Ma vision portée sur le monde
Ne me procurait qu'aversion

Déçu cent fois par l'âme humaine
Par sa bêtise, sa petitesse
Je me délectais de ma haine
Je me vautrais dans la bassesse

Je ne souffre plus mes penchants
Moi qui avait chéri la vie
Je suis devenu malfaisant
Inconsolablement aigri

Tout l'amour que j'avais pour elle
S'est enkysté profondément
Entre nous restent les querelles
C'est triste insupportablement 

C'est pourquoi il me faut partir
Cesser le mal que je répands 
Ne garder que le souvenir
Du temps ou nous étions amants

mercredi 5 août 2015

Mange ta douleur

Mange ta douleur et bois ta peine
Bouge ta carcasse et traîne tes chaînes
T'avances en biais vers le grand trou
Tu passes le temps un point c'est tout
Tu sais même pas c'que tu fous là
Aucune réponse à tes "Pourquoi"
Ton numéro tatoué dans l'dos
Te donne accès à ton caveau
Tu trimes, tu transpires, tu t'épuises
Il serait temps qu'tu réalises
Que t'es l'esclave de tes besoins
Que t'es plus malheureux qu'ton chien
Les traces que derrière toi tu laisses
Ne sont qu'une suite de tickets de caisse
Tu survis pas, tu surconsommes
Tu ne jouis pas mais tu fais comme
Ta queue qui pend molle et flétrie
Que cette fille branle sans envie
N'est que l'antenne de ta cervelle
Elle est son mouvement perpétuel
Tu bouffes de la merde en sachet
Et tu chies l'aigreur par paquets
Les poisons que tu ingurgites
Te rongent l'intérieur comme des mites
À quarante ans t'es déjà vieux
T'as pris du bide, tu perds tes ch'veux
L'image que tu vois dans la glace
Te fout les jetons et tu grimaces
T'as plus l'contrôle, ça fait flipper
T'as pas vu passer les années
Le bonheur virtuel que tu feins
N'est qu'une sitcom de TF1
Tout est bidon, tellement futile
Tu n'sers a rien, t'es inutile
L'aliénation que tu ressens
Est ta prison depuis longtemps
Tu voudrais bien foutre le camps
Mais t'as un crédit sur vingt ans
T'aimerais tellement tout foutre en l'air
Sortir du piège de ce calvaire
Mais pour ça il faut du courage
De la volonté, de la rage
Faudrait qu't'en aies vraiment envie
Qu'ce soit pas seulement une lubie
Mais tu préfères ton p'tit confort
Grand partisan du moindre effort
Sans doute est-t-il déjà trop tard
Ton train vient de quitter la gare
Tu retournes à ton canapé
Qu'y a-t-il ce soir à la télé
"Chérie, tant qu't'es dans la cuisine
Apportes-moi donc une p'tite bibine"
La vie faut la prendre comme elle vient
Jouer les rebelles ne sert à rien
Un taff, une femme, un chien, des gosses
Tout l'monde peut pas être un colosse
Mieux vaut une chaude médiocrité
Qu'une vie de lutte compliquée
Mieux vaut la chaleur du troupeau
Que vivre libre hors de l'enclos
C'est ton point d'vue et tes options
Mais j'suis pas sûr que t'aies raison
Depuis qu't'es né, t'attends la mort
Tu n'fais que suivre le corridor
Alors ne te retourne pas
Ou tu pourrais faire un faux pas
En voyant c'que tu as raté
Tout c'que tu as laissé filer
Ces années mornes, la tête vide
À regarder s'creuser tes rides
Existe-t-il la moindre chance
De justifier ton existence
La réponse est dans la question
Ta vie n'est qu'une brève illusion
Donc, quand t'auras fini ton temps
Éteins la lumière en sortant

Sortilèges

Lorsque s'installe la nuit brune
Qu’ombres et ténèbres se confondent
Comme tous les soirs de pleine lune
Le fabuleux revêt le monde

Ce qui le jour paraît inerte
Au crépuscule déjà frémit
On communique, on se concerte
On se prépare à la grand nuit

Le frémissement des fougères
Est le prélude du boucan
Tandis qu'une brume légère
Masque le sol d'un linceul blanc

Tous les rampants suivent et se pressent
Sur le chemin fort emprunté
Menant au cœur de la kermesse
Dans la Clairière des Assemblées

Les colombes posées sur les branches
Piaillent une clameur tapageuse
Et forment une ramure blanche
Une vision ensorceleuse

Les loups sont arrivés par mille
Et se sont unis en un clan
Ce sont deux mille yeux jaunes qui brillent
Et contemplent la lune en hurlant

Les cerfs aux royales ramures
Aux sabots noirs, aux yeux de feu
Semblent invoquer dans un murmure
Les esprits sacrés de ces lieux

Dans un tourbillon de lucioles
Les licornes apparaissent enfin
Sublimes, mutines, elles caracolent
Suivies d'une armée de lutins

Les vampires et les loups-garous
Elfes, génies et farfadets
Se sont tous donnés rendez-vous
Pour célébrer l'union sacrée

La nuit s'annonce longue et folle
Sans une pause jusqu'au matin
De sarabandes en farandoles
C'est le sabbat des magiciens

Liesses, délices et bombance
Chacun fait une place de choix
À ceux qui rentrent dans la danse
C'est l'hymne suprême à la joie

On crie, on hurle, on grogne, on brame
On danse, on saute, on vole, on court
La tension monte, les cœurs s'enflamment
La démence dure jusqu'au jour

L'aube apparaît, ainsi s'achève
Le carrousel des sortilèges
Le monde morne baille et se lève
Et disparaissent les cortèges