mercredi 5 août 2015

Mange ta douleur

Mange ta douleur et bois ta peine
Bouge ta carcasse et traîne tes chaînes
T'avances en biais vers le grand trou
Tu passes le temps un point c'est tout
Tu sais même pas c'que tu fous là
Aucune réponse à tes "Pourquoi"
Ton numéro tatoué dans l'dos
Te donne accès à ton caveau
Tu trimes, tu transpires, tu t'épuises
Il serait temps qu'tu réalises
Que t'es l'esclave de tes besoins
Que t'es plus malheureux qu'ton chien
Les traces que derrière toi tu laisses
Ne sont qu'une suite de tickets de caisse
Tu survis pas, tu surconsommes
Tu ne jouis pas mais tu fais comme
Ta queue qui pend molle et flétrie
Que cette fille branle sans envie
N'est que l'antenne de ta cervelle
Elle est son mouvement perpétuel
Tu bouffes de la merde en sachet
Et tu chies l'aigreur par paquets
Les poisons que tu ingurgites
Te rongent l'intérieur comme des mites
À quarante ans t'es déjà vieux
T'as pris du bide, tu perds tes ch'veux
L'image que tu vois dans la glace
Te fout les jetons et tu grimaces
T'as plus l'contrôle, ça fait flipper
T'as pas vu passer les années
Le bonheur virtuel que tu feins
N'est qu'une sitcom de TF1
Tout est bidon, tellement futile
Tu n'sers a rien, t'es inutile
L'aliénation que tu ressens
Est ta prison depuis longtemps
Tu voudrais bien foutre le camps
Mais t'as un crédit sur vingt ans
T'aimerais tellement tout foutre en l'air
Sortir du piège de ce calvaire
Mais pour ça il faut du courage
De la volonté, de la rage
Faudrait qu't'en aies vraiment envie
Qu'ce soit pas seulement une lubie
Mais tu préfères ton p'tit confort
Grand partisan du moindre effort
Sans doute est-t-il déjà trop tard
Ton train vient de quitter la gare
Tu retournes à ton canapé
Qu'y a-t-il ce soir à la télé
"Chérie, tant qu't'es dans la cuisine
Apportes-moi donc une p'tite bibine"
La vie faut la prendre comme elle vient
Jouer les rebelles ne sert à rien
Un taff, une femme, un chien, des gosses
Tout l'monde peut pas être un colosse
Mieux vaut une chaude médiocrité
Qu'une vie de lutte compliquée
Mieux vaut la chaleur du troupeau
Que vivre libre hors de l'enclos
C'est ton point d'vue et tes options
Mais j'suis pas sûr que t'aies raison
Depuis qu't'es né, t'attends la mort
Tu n'fais que suivre le corridor
Alors ne te retourne pas
Ou tu pourrais faire un faux pas
En voyant c'que tu as raté
Tout c'que tu as laissé filer
Ces années mornes, la tête vide
À regarder s'creuser tes rides
Existe-t-il la moindre chance
De justifier ton existence
La réponse est dans la question
Ta vie n'est qu'une brève illusion
Donc, quand t'auras fini ton temps
Éteins la lumière en sortant

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